Matinée "Genre et conflits armés"
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Dans le cadre de la journée internationale des femmes et des filles de science organisée par l’UNESCO, le Comité Femmes & Sciences (CF&S) de la Fédération Wallonie Bruxelles organisait une rencontre sur le thème « Genre et conflits armés ». Cette rencontre interrogeait la recherche sur les rapports entre le genre et les conflits armés, en ce compris les questions des violences faites aux femmes et à d’autres groupes victimes de discrimination patriarcale, les stéréotypes liés au genre, les rôles diversifiés des femmes dans les conflits (soldates, soignantes, résistantes, politiques, correspondantes, reportères de guerre, etc.), l'impact des conflits armés sur les rapports de genre et sur les inégalités, etc.
Conférences :
Quand les femmes prennent les armes. Pourquoi parler des femmes combattantes ?
Par Camille Boutron
La présence des femmes sur les champs de bataille se présente comme un fait historique. Si elles ne combattent pas toujours directement les armes à la main, aucune guerre n’a pu se livrer sans les femmes. Elles y tiennent de multiples rôles, que l’historiographie commence à peine à dévoiler. Camille Boutron s’intéresse ici plus spécifiquement cependant aux femmes engagées dans les luttes armées. Quelles sont leurs motivations ? Quels sont leurs modes d’entrée dans la guerre ? Que peut-il y a avoir de commun entre une militante du Sentier Lumineux, au Pérou, une guerrillère des FARC en Colombie ou une jeune officière française déployée au Mali ? Que deviennent-elles lorsque les armes se taisent ? Nous voyons que parler de femmes combattantes permet de renverser nos perspectives traditionnelles sur les guerres et conflits armés, ouvrant la voie à de nouveaux questionnements sur les rapports entre masculinité, violence et pouvoir.
Camille Boutron est sociologue. Après avoir mené des recherches pendant plus d’une décennie sur la participation des femmes dans les guérillas péruviennes et colombiennes, elle s’est intéressée aux armées françaises et aux programmes internationaux visant à mieux prendre en compte les femmes dans la prévention et résolution des conflits. Elle a travaillé dans plusieurs centres de recherche en France à et l’étranger. Son dernier ouvrage : Combattantes, quand les femmes font la guerre a été publié en 2024 aux éditions Pérégrines.
Femmes sous les drapeaux: un demi-siècle de participation à la Défense belge
Par Delphine Resteigne
Depuis cinquante ans, la participation des femmes à la Défense belge reflète des dynamiques complexes où la culture organisationnelle historiquement masculine, les structures hiérarchiques et les perceptions sociétales des rôles féminins en milieu militaire se croisent. Cette communication analyse ces transformations à travers deux axes principaux. Dans un premier temps, nous explorons l’évolution de l’intégration des femmes au sein de l’organisation militaire, en mettant en lumière les mécanismes sociétaux et institutionnels qui ont freiné ou soutenu leur intégration, tout en contribuant à renforcer l’attractivité de la Défense belge. Nous montrons combien ces changements s’inscrivent notamment dans une réponse aux attentes croissantes en matière de diversité et d’inclusion, redéfinissant lentement les rapports de pouvoir et de genre. Dans un second temps, nous mettons en lumière leur rôle essentiel dans les opérations militaires contemporaines, un rôle intimement lié à l’identité du métier militaire. Leur participation croissante reflète une relecture de la notion traditionnelle de combat, valorisant des compétences qui dépassent la seule force physique et s’adaptent à des contextes d’interactions culturellement complexes. À travers des exemples concrets, notamment leur contribution significative dans la guerre en Ukraine, nous montrons comment les femmes, tant militaires que civiles, apportent une plus-value indéniable à l’efficacité des missions militaires et dans la résolution de conflits. Leur implication opérationnelle redéfinit ainsi leur place dans les armées d’aujourd’hui tout en contribuant à bâtir des sociétés plus inclusives et résilientes.
Delphine Resteigne est actuellement cheffe de la chaire de sociologie et Professeure ordinaire à l’École Royale Militaire, elle est également Professeure associée à l’École de Droit de l’UMons depuis 2008. Ses travaux se concentrent sur les dimensions sociologiques liées à la question militaire, avec une attention particulière aux enjeux de diversité, d'inclusion et d'intersectionnalité. Depuis plus de 25 ans, ses recherches explorent les aspects humains des déploiements opérationnels, ainsi que l’ouverture de la Défense belge à la société. Elle met également en lumière les dynamiques de recrutement et de motivation du personnel, ainsi que les défis sociaux qui y sont associés. Représentante belge dans différents groupes de travail de l'OTAN, elle a été élue vice-présidente du groupe de recherche "Armed Forces and Conflict Resolution" de l'International Sociological Association (ISA). Elle coordonne également le groupe de travail "Gender & the Military" au sein de l’European Research Group on Military and Society (ERGOMAS). Par ailleurs, elle siège au sein de la Chambre Nationale contre les discriminations et le racisme de l’Union belge de football.
Prise en charge des victimes de violences sexuelles en République démocratique du Congo
Par Aurélie Ponthieu
En novembre 2024, MSF a publié le rapport « Nous appelons à l’aide », sur les prise en charge des victimes de violences sexuelles en RDC, qui fait état du nombre alarmant de cas de violences sexuelles traités par ses équipes en 2023. L’est de la RDC traverse une fois de plus une crise humanitaire majeure suite à la résurgence du conflit armé. Les femmes et les filles déplacées sont particulièrement vulnérables, la majorité des attaques ayant lieu dans des sites de déplacés, souvent perpétrées par des hommes armés. Ces sites souffrent de mauvaises conditions de vie, d'un manque de nourriture, d'eau et de possibilités de revenus, ce qui exacerbe l'exposition des femmes à la violence. La prise en charge médicale et psychologique des victimes et survivant(e)s de violences sexuelles fait partie des priorités des équipes MSF en RDC depuis des années. Ce phénomène est une urgence médicale observée aussi bien dans les provinces touchées par le conflit armé que dans les provinces considérées comme plus stables. Ces dernières années, MSF a régulièrement souligné à la fois l'ampleur du problème et les lacunes dans l'offre des soins.
Dans son rapport, MSF liste une vingtaine d'actions urgentes à entreprendre par les parties au conflit, les autorités congolaises, ainsi que les bailleurs de fonds internationaux et le secteur humanitaire. Apportez des soins dans un contexte de re-victimisation constante due au manque de sécurité, de protection effective et de résolution des conflits armés pose des questions sur l’efficacité et le rôle de l’aide humanitaire dans la protection des personnes les plus vulnérables dans les contextes de conflits armés.Aurélie Ponthieu travaille pour l'organisation humanitaire médicale internationale Médecins Sans Frontières (MSF) depuis 2006. Elle est actuellement directrice du département d'Analyse de MSF à Bruxelles, où elle dirige une équipe composée de spécialistes humanitaires dans les domaines des politiques de santé, de la migration forcée, des conflits et de la négociation d'accès. Son domaine d'expertise comprend la migration forcée et l'impact humanitaire des politiques d'asile et de migration. Elle apporte son soutien aux opérations de MSF en termes d'analyse de contexte, de positionnement et de stratégies de plaidoyer. Avant de travailler au siège de MSF à Bruxelles, elle a travaillé pendant plusieurs années au Niger (2006), au Soudan (2007-2008), au Tchad (2008), en Colombie (2009) et en Haïti (2010). Elle a également été envoyée pour soutenir les interventions d'urgence lors des épidémies d'Ebola au Liberia (2014) et en RDC (2019). En 2020, elle a travaillé sur la pandémie de covid-19, conseillant la réponse d'urgence de MSF à Bruxelles et en tant que coordinatrice d'urgence en Équateur.
Remise des Prix de la recherche « Genre et conflits armés » :
Véronique Feipel (1er prix, ULB) et consorts, pour leur travail de recherche intitulé : Conséquences périnéales, psychologiques et de qualité de vie des violences sexuelles liées aux conflits chez les femmes vivant en République Démocratique du Congo (Présentation).
Jules Dejonckheere (2e prix, UCLouvain), pour son travail de recherche intitulé : Marie de Hongrie, sentinelle des Pays-Bas Habsbourgeois (1531-1555) (Présentation).
Aline Bahati Cibambo (3e prix ex aequo, ULB) et consorts, pour leur travail de recherche intitulé : Violence des chiffres et violence des voix. Vulnérabilité des femmes dans les procédures de jugement des crimes de masse en RD Congo (Présentation).
Anuarite Bashizi (3e prix ex aequo, UCLouvain) en collaboration avec Esther Borauzima Feza (UMons), pour son travail de recherche intitulé : De la victimisation à l'agentivité affirmée. Explorer l'infra-politique des femmes dans les groupes armés en RDC (Présentation).
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Contactez le Comité Femmes et Sciences (info@femmes-sciences.be)
Comité Femmes et Sciences
Rue Royale, 180
1000 Bruxelles
Archives
Journée du 15 février 2024 - « Genre et santé »
Journée du 17 février 2023 - « Genre et environnement »
Journée du 11 février 2021 - « Genre et Covid-19 »
Journée du 11 février 2020 - « Genre et transformation numérique »
Journée du 11 février 2019 - « Regards croisés sur les carrières au féminin dans les STIM »
Journée du 8 février 2018 - « Carrière des jeunes chercheures : quelles solutions ont-elle trouvées pour contourner les obstacles ? »
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